Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/03/2011

Une dernière pensée

Le printemps de sa vie était bien loin déjà. Non pas qu’il fût âgé. Non. La trentaine tout juste entamée, cet âge que les magazines masculins ou féminins, considéraient comme un âge d’or. Pas pour lui. Plus pour lui. Il n’avait ni envie de se mettre au cyclisme, ni à la peinture… Aucune envie de trouver un dérivatif…

Le courrier débordait de la boite aux lettres, alors il se décida à sortir le récupérer. Une coccinelle voletait sur le carreau de la cuisine. Sans savoir pourquoi, le petit insecte le mit en joie. Un sourire lui barrait le visage. D’un pas discret, pour ne pas effrayer le petit animal porte bonheur, il attrapa son manteau, une idée en tête.

Le ciel d’été menaçait de virer à l’orage. Peu importe, il était résolu à réaliser sa petite idée, rapidement, avant de changer d’avis, de perdre courage et de fuir encore devant des vétilles.

Au pas de course, il atteignit enfin sa destination, une petite supérette du centre ville. A l’intérieur, peu de monde, un couple, l’unique caissier et un chien au poil élimé… Il s’empara de quelques paquets, de-ci de-là. Le caissier le dévisageait d’un air indiscret, comme s’il surveillait un potentiel voleur de bonbons. Peu importe. Il posa ses achats sur le tapis de caisse, assez pressé de repartir. L’orage devenait de plus en plus menaçant. Le caissier était d’une lenteur angoissante, ânonnant la liste des articles comme un moine ânonne une prière presque : on ne distinguait que quelques syllabes. Café…veloppes…papier…etc.…

Enfin, il put sortir de la supérette, au paroxysme de l’orage. Se faisant un bouclier de son manteau, il courut sous la pluie, toujours plus pressé.

Le visage trempé, le manteau de plus en plus lourd, il réorganisait dans sa tête l’heure qui allait suivre, méthodiquement.

La maison, enfin. Vite, accrocher le vêtement, poser le paquet, essuyer les gouttes de pluies sur son visage curieusement radieux. La cafetière se mit à couler, l’odeur du café le réconforta.

Installé devant son bureau, une tasse de café près de lui, il se saisit de ses achats : du papier à lettres, un stylo, un vrai. Aussi incroyable que ce fut, il n’y avait plus un stylo  chez lui, toute sa vie, ses notes, ses pensées, se numérisaient froidement.

Le stylo à la main, il se mit à parler, à réciter, presque comme s’il s’adressait à quelqu’un de présent dans la pièce.

« Rappelle-toi Louise, quand tu m’aimais encore. Rappelle toi mon sourire que tu disais tant aimer. Et cette aventure de jeunes idiots décidant de vivre la vie qu’ils rêvaient de vivre enfants. Oh Louise, ne veux-tu plus de mes mains sur ta taille, pour te hisser sur ton cheval. Oh Louise comme j’aimais ton rire quand tu étais heureuse, comme j’aimais te voir, amazone de mon cœur, galoper vers moi et crier mon nom. Reviens vers moi, reviens amuser mes jours, je ne fais plus rien que regarder notre passé. Je ne sais plus rien faire qu’attendre, et me rappeler tes regards, tes mains, tes jeux… Oh mon cœur je ne te demande pas l’absolution pour mes fautes… J’ai eu tort d’avoir peur du temps qui passe. Je regarde autour de moi et je ne vois que le vide. Il vaut mieux pour moi fermer les yeux et me rappeler ton visage, heureux, avant qu’il ne soit baigné de larmes. Oh Louise je prends la chaine que tu as laissée derrière toi, le cœur qui pend au bout figure presque mon cœur pendant au bout de ton silence. Rappelle toi nos rires, quand nous moquions l’amoncellement de dentelles, telles des meringues oubliées, au mariage de ma sœur. Moi je ne peux oublier ton rire, il résonne sans cesse. Que me reste t-il ? Ce petit cœur en or, que je fais tournoyer comme un pendule. J’attends un  signe de toi, Louise. Tu vois, je t’obéis enfin, je t’ouvre mon âme »

L’adresse écrite avec application, il colla le timbre, et sortit poster la lettre.

Sur la table, le pendentif semblait trembler, sous les frôlements invisibles de l’air.

 

Ceci est ma participation au jeu d'écriture de Livvy. les mots à placer étaient : Printemps-manteau-cyclisme-moine-prière-paroxysme-un pendule-indiscret-syllabe-discret-absolution-amazone-coccinelle-meringue-bouclier-fuir

Ecrire, jeu, amour, lettre

23:24 Écrit par Océane dans Jeux d'écriture | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : ecrire, jeu, amour, lettre | |  Facebook |