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22/03/2010

Qu'aurais-je pu faire ?

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Elle relève ses cheveux, dans un geste habituel. Lui s'en va sans un mot. La nuit passée n'avait servi qu'à clore un chapitre.

Parler des heures était le seul acte qui les rapprochait encore. Ils avaient un besoin pressant l'un de l'autre, mais une muraille fine, si fine, les séparait pourtant.

Appeler cela de l'orgueil, ou de la bêtise, peu importait maintenant. Se cabrer à chaque mot non consentis, se draper dans une volonté que rien ni personne n'offensait, tour cela usait et finissait par émousser la meilleure des patiences.

Les vagues de disputes laissaient la place à la plus grande affection et au désir. Mais ce petit jeu (indépendant de leur volonté ?) n'assurait aucune tranquillité d'esprit. Elle, voyait dans chacune de ses remarques comme un jugement, une critique, un début de bataille à gagner. Lui, sentait qu'elle n'était qu'insoumission et révolte, il la voulait docilement amoureuse, naïvement admirative ; mais pourtant c'était bien cette insoumission désordonnée qu'il aimait par-dessus tout. Après tout la gloire est plus grande à soumettre un animal sauvage qu'une innocente biche...

Mais à l'enthousiasme succédait la peur. La tranquillité n'était jamais invitée entre eux. Comment dès lors se laisser aller à relâcher la surveillance l'un de l'autre. Prisonnier chacun de leur orgueil et de leur désir, l'épuisement les guettait. Bien sûr il arrivait parfois que la tendresse gagne le jeu, et ils se sentaient lors en confiance, indispensable l'un à l'autre, amoureux presque. La simplicité et la transparence qui manquaient à leur relation trouvaient à se glisser incidemment, apportant ainsi un repos à ces cœurs  trop fiers.

Mais cela ne durait pas. C'était un combat incessant. Elle voulait avoir raison, il voulait avoir le dessus. Se jeter l'un sur l'autre pour clore un débat sans fin était un jeu qui finissait par perdre de son intérêt. Autre chose occupait leur esprit. Elle savait ce qui la menaçait : l'amour tranquille, la présence de l'autre devenue nécessaire, son rire qui lui perçait le cœur, son indifférence parfois qui lui déchirait les entrailles. Elle reconnaissait tout cela. Elle se voyait petite fille, relisant sans cesse Gigi le roman de Colette. Elle se voyait dans la même impasse. Elle ne supportait plus qu'il lui parle de sa vie ailleurs, mais elle avait peur de trop lui demander et de le perdre ensuite. Elle aimait cette éternelle dispute amoureuse qui les liait par la même peur de ne plus s'appartenir totalement.

Lui, il voyait bien qu'il s'opérait un changement en elle. Mais il ne pouvait l'aider : la même crainte le paralysait. La tranquille quiétude de l'amour partagé avec elle l'angoissait. Cette alchimie qu'ils connaissaient, la retrouveront-ils avec la paix toute simple du couple ?

Ni l'un ni l'autre ne savaient. Mais parler les rassurait. Il y avait comme une panique sourde qui s'emparait d'eux : l'idée de baisser la garde définitivement, de se laisser sans autre arme que leur envie l'un de l'autre. Quelle drôle de crainte pour deux cœurs qui s'aiment se disait-il. Mais aimer c'est abdiquer son bonheur, le remettre entre les mains du hasard.

Allaient-ils l'un et l'autre jouer avec le hasard ?

 

01:14 Écrit par Océane dans Récit | Lien permanent | Commentaires (4) | |  Facebook |