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25/03/2011

Une échappée

Comme tout les mardis, elle sort de la maison, un panier à la main, en direction de la plaine, non loin de là. L’éphéméride de sa vie ne contenait plus qu’un seul moment.

Ce moment où il apparaissait, lui cet homme encore inconnu d’elle.

C’était simple : une première fois, en octobre, elle était sorti, un mardi donc, se promener vers le rivage, et l’envie lui était venue de pique-niquer sur la plaine, seule, en regardant au loin les vagues s’écraser contre les rochers. Pensive, elle avait sortie une assiette, une fourchette, avait ouvert un paquet de saumon et s’apprêtait à l’arroser de citron avant de le déguster. La fourchette encore à la main, son regard croisa une silhouette massive, qui se découpait sur l’horizon, un peu comme un mirage.

Il se tenait là, debout, face à la mer. Circonspecte, elle avait décidé de continuer tranquillement son pique-nique, même si elle se demandait comment il avait atterri dans ce coin rugueux et en général désert.. L’homme finit par se retourner, et elle le vit. Elle le découvrit en fait, dans sa beauté  parfaite, et son regard si particulier… Elle s’était mise à rougir, bêtement. Lui, se contenta d’un signe de tête dans sa direction, et repris son chemin en silence.

Elle était tombée implacablement amoureuse ce jour là, d’un total inconnu…

Le lendemain, elle revint se promener, mais il n’était pas là.

Ce petit manège dura la semaine entière : elle sortait chaque jour à la même heure, le cœur battant la chamade, espérant croiser cet homme mystérieux.

Elle n’était pas d’un naturel optimiste, et la fin de son mariage trois ans auparavant faisait écho à une angoisse bien ancrée en elle. Telle un philosophe des plus sombres, elle se créait ses propres dystopies, conjecturant sur la pire manière dont sa vie pourrait évoluer…

Mais la vue de cet homme lui avait donné envie de renouveau.

Elle avait du attendre une semaine, le mardi suivant en fait, pour le revoir, à la même place, debout contre l’horizon. Curieusement, elle ne le voyait pas venir, et puis soudain, elle levait les yeux et il était là…

Depuis, chaque mardi se passait de la même manière. Elle sortait de chez elle, un panier de pique nique à la main. Elle s’installait au même endroit, et se faisait toujours surprendre par la silhouette de l’homme se découpant face à la mer… Il ne lui parlait jamais, et elle n’osait pas en prendre l’initiative. Quelque chose dans son regard l’en empêchait. Mais, l’un et l’autre étaient fidèle à ce curieux rendez vous.

Plusieurs mois s’étaient écoulés depuis le premier regard échangé, et le même silence léger entourait la rencontre du mardi.

C’est enveloppé dans la plus jolie des robes vert émeraude qu’elle quitta sa maison ce premier mardi de printemps. Chaque semaine elle se faisait la plus charmante possible pour ce rendez-vous des non-amants. Ce jour là ne faisait pas exception à la règle. Elle aurait voulu se croire superbe, sublime, juste assez sure d’elle pour l’aborder enfin, après tant de mois, et lui poser les milles questions qui la taraudaient. Qui il était, pourquoi il venait ainsi tout les mardis passer une heure à fixer l’horizon avant de partir, toujours en silence, le regard toujours las et fermé à tout. Telle une enfant rêveuse, il lui arrivait même de songer aux baisers qu’elle voulait tant lui donner. Mais ses lèvres se refermaient sur le vide de son rêve ; les popismes seraient encore sa seule distraction à cet égard pour un temps encore.

Ce premier mardi de printemps était ensoleillé, mais un vent impétueux menaçait de faire voler sa capeline. Elle la tenait comme elle pouvait. Assise sur sa couverture, une main agrippée à sa coiffe, de l’autre elle sortait les éléments de son pique-nique, se demandant quand l’homme apparaitrait.

Un instant d’inattention et sa capeline s’envola au loin. Elle couru maladroitement la rattraper. Un peu fâchée du ridicule de la situation, un peu énervée que l’autre ne soit pas encore là, elle maugréait quelques mots peu amènes…Et évidemment surgit de nulle part, il était là, sa capeline à la main. Elle sentit son cœur exploser dans sa poitrine. Non pas à cause de la course….Elle le savait bien. Il faudrait se parler, enfin, se dire un mot, qu’elle le remercie au moins, d’avoir rattrapé son chapeau.

 

Il s’avança vers elle, esquissant presque un sourire…

 

 

Ceci est un petit exercice dans le cadre du jeu de Livvy.

01:46 Écrit par Océane dans Jeux d'écriture | Lien permanent | Commentaires (6) | |  Facebook |

Commentaires

Très joli texte Océane ! ^^

Écrit par : Asphodèle | 25/03/2011

Un beau texte dont on a envie de connaître la suite... ou pas (j'aime la chute telle qu'elle est, je peux m'imaginer plusieurs histoires).

Écrit par : Livvy/Olivia Billington | 25/03/2011

ooohhh! j'aime beaucoup ce texte! très joli et sensible... Parfaite ta chute!

Écrit par : Deirbhile | 25/03/2011

A la découverte de tes blog!! Je veux la suite!!!

Écrit par : Pacic | 31/03/2011

Désolée Océane, je n'avais pas lu ton texte de la semaine dernière (où avais-je la tête ? J'ai réparé et je le trouve très beau, avec suite si possible...on m'a demandé la même chose ! ;)

Écrit par : Asphodèle | 31/03/2011

@Tous : merci de votre lecture, ici et ailleurs :)

Écrit par : Océane | 15/04/2011

Les commentaires sont fermés.